Car garder un équilibre est difficile quand on est passionné. Je fais beaucoup de choses et ça s’additionne vite. J’ai vraiment du mal à avoir du temps où je ne fais plus rien
Colbys Dovi
· Senior Product designer
· il y a 1 an
Une erreur pendant les premières années de ma carrière était le stress de faire un truc excellent. Ma première boîte m’a poussé à faire ça, et viser vraiment le top du livrable pour les clients. Je pense que c’est à la fois une bonne école et une très mauvaise habitude.
C’est une bonne école parce que tu es forcé à en baver, à pousser le niveau, mais ensuite dès que tu arrives à des endroits où il faut produire et que tu ailles assez vite, tu stresses, c’est le syndrome de l’imposteur alors qu’en fait, dès le début, la règle des 80-20, est au fond très importante.
En vrai, depuis pas si longtemps que ça, 4 ou 5 ans, je me dis :
“Ne mets que 20% de temps sur le truc” au début j’ai eu l’impression que finalement, 20% ce n’est pas grand-chose.
Mais avec ces 20% je ne mets vraiment que l’essentiel.
Ensuite la finalisation se fait au travers des discussions avec les gens pour remettre un peu d’effort et corriger les choses.
Mon grand learning c’est qu’il faut être content de ce que l’on fait et ne pas se mettre une pression de dingue. Dès que l’on vise ce dernier quart (en production) ça devient le burnout, la désillusion, et vite un piège.
S’il y avait un conseil que j’aurais voulu qu’on me donne au début de ma carrière est de faire attention au burn out, et plus concrètement à l’investissement émotionnel. Avec le niveau d’exigence en thèse, j’ai fait un burn out, et j’ai gardé cette habitude d’aimer de travailler et de faire des journées de 13-14 heures où je commence à 7H30 du matin pour finir à 21H. Je ne m’écoutais pas assez, et c’est ça le conseil que je donnerais à tous le monde, il faut savoir se dire stop, ne pas tout miser sur le boulot et rester ouvert à son entourage.. Quand vous sentez que vous bloquez, il faut savoir vous arrêter et demander de l’aide. J’ai toujours été entouré de personnes bienveillantes autour de moi, et je n’ai pas assez souvent fait appel à elles. Alors qu’il ne faut surtout pas hésiter à dire Je ne sais pas,Je n’y arrive pas,J’ai besoin d’aideou j’ai besoin de plus de temps “C’est la base en fait: Avant de parler de compétences et de connaissances. Si vous arrivez à gérer ça, ça vous aidera pour tout le reste. Savoir identifier si vous ne pouvez pas prendre plus de projets, ou si au contraire vous avez encore de l’énergie pour un petit extra par là, ça fait toute la différence. Par exemple, en ce moment, je suis super chargé, j’ai dit oui à tout, mais je suis en forme car je suis tout seul à la maison pour 15 jours et que je n’ai pas de distractions. Mais j’ai déjà prévenu mon manager, qu’après je vais avoir besoin de prendre moins de projets, et pourquoi pas en faire encore moins.
Le travail en équipe ou en collaboration avec des parties prenantes peut comporter des hauts et des bas, mais il est primordial de placer sa santé mentale au premier plan.Il est fréquent de voir des employés stressés à l'idée de parler à certaines personnes, ce qui nuit non seulement à eux-mêmes, mais aussi à l'ensemble de l'environnement de travail. Une solution à ce problème est d'apprendre progressivement à se détacher émotionnellement, c'est-à-dire à investir moins d'émotions dans son travail. Il s'agit principalement de relativiser. Dans nos métiers, nous ne sauvons pas de vies, nous créons des interfaces.Par conséquent, il est important de garder une perspective réaliste. Il n'est pas justifié de sacrifier sa santé mentale et/ou physique pour cela. Je recommande vivement la lecture intéressante sur ce sujet : "The Subtle Art of Not Giving a Fuck".Certes, il est important de rester passionné par notre travail, c'est pourquoi il est essentiel de trouver un équilibre entre notre passion et un détachement sain et nécessaire. Une autre solution, un peu plus radicale, est de savoir quand partir. Il n'y a aucune honte à quitter un environnement toxique où l'on sait que rien ne changera. Au contraire, en agissant ainsi, on se rend service et on se respecte en plaçant sa santé mentale en priorité. Travailler avec des personnes ignorantes qui ne respectent pas nos efforts et notre engagement n'a aucun sens. C'est comme accepter de passer une journée en voiture avec des personnes que je n'apprécie pas, coincé dans les embouteillages parisiens en plein été, sans climatisation.C'est beaucoup trop pénible pour être une bonne idée.
Nous avons tous cette envie profonde de changer le monde et de nous affirmer dans notre domaine d'expertise. En tant que freelance, j'ai découvert une chose importante : il est essentiel de limiter le temps et l'énergie que nous investissons dans la tentative de changer les choses de l'intérieur.Il y a une limite où nos efforts deviennent contre-productifs et génèrent plus d'anxiété que d'excitation. En changeant régulièrement d'environnement professionnel, je parviens à conserver mon enthousiasme. Cependant, c'est souvent difficile pour les équipes internes qui font face quotidiennement aux contraintes d'une structure qui évolue trop lentement, voire pas du tout. Cette approche présente trois avantages majeurs : Je peux me concentrer pleinement sur mon travail Préserver ma santé mentale Avoir plus d'énergie pour défendre mes choix de conception, m'assurant ainsi de livrer ce qui est véritablement bénéfique pour les utilisateurs, et non seulement pour le client ou le mandataire
Un exercice que je fais en coaching avec mes clients, c’est d’identifier leurs valeurs profondes, les valeurs vraiment personnelles. Il y a un exercice de Brené Brown qui est excellent sur les valeurs. On choisit deux ou trois valeurs maximum, et ensuite, je base tout mon travail là-dessus. Dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas trop, je regarde. “OK, est-ce que c'est en accord avec mes valeurs ? “Souvent, quand on commence à glisser vers un burn-out, c'est que ce qu'on fait ou alors le fonctionnement dans lequel on se trouve n'est pas en accord avec nos valeurs.Ce décalage-là, au bout d'un moment, devient une espèce de dissonance cognitive qui s'installe. Ça peut être personnel, mais ça peut être en lien avec l'entreprise, si on est salarié surtout. Il y a forcément des problématiques assez communes dans les scale-ups. Par exemple un manque de reconnaissance pour le travail qu'on fait. Il y a beaucoup de personnes qui se retrouvent par exemple à faire le travail d'un senior pendant un an et ne jamais avoir cette reconnaissance parce que « Oh mais tu ne penses qu’au salaire » « Ce n'est pas le que ça le boulot » « Il faut pratiquer avant d'avoir la promotion ». Oui, mais en fait, il y a des limites. En tant que manager, on peut vraiment influencer ces pratiques-là. On peut mettre en place des définitions autour : “Quand est-ce qu'on attribue une promotion à quelqu'un ?” “Quelle est la définition exacte de chaque rôle ? “ Quelque chose qui est hyper angoissant, mais là où peut s’en rendre compte, c'est lorsque les rôles ne sont pas clairement définis. Du coup, on se pousse soi-même à apprendre toujours plus, à prendre toujours plus de responsabilités. Parce que notre rôle n'est pas défini et avec des limites claires. Comme on veut avoir une bonne performance, on fait toujours plus, et il n’y a plus rien pour nous arrêter. Au final, c'est un système dans lequel quand on fait toujours plus, on est récompensé par des bonus, et du coup, ça encourage ce type de comportement. De l’autre côté on ne récompense pas les personnes “normales”. Celles qui travaillent de manière très stable, qui sont régulières, qui ne bougent pas, et qui ne vont peut-être pas faire une performance de fou sur des projets, mais par contre qui sont ultra constantes et qui apaisent quand même les équipes. Ce type de personne est très importante dans une entreprise.
Il est crucial de comprendre que chacun a sa propre valeur et que chaque rôle, qu'il soit exceptionnel ou stable, contribue à la réussite de l'entreprise. En remettant en question notre manière d’évaluer et récompenser la performance, nous pouvons établir un équilibre plus sain et favoriser un environnement de travail respectueux des valeurs de chacun.
Les premiers signes que j'ai pu remarqués, basés sur ma propre expérience et celles de mon entourage :
On se retrouve avec de moins en moins de tempspour soi en dehors du travail. Ce n'est pas forcément dû à des horaires de travail excessifs, mais plutôt à une intensité qui fait que, une fois rentrés chez nous, nous n'avons plus suffisamment d'énergie pour voir des amis, faire des activités ou simplement nous détendre.
On devient plus irritable et grognon.
Ensuite, il y a les signes plus classiques lorsque les choses empirent :
Des crises d'angoisse.
Des perturbations du sommeil.
Une pensée constante centrée sur le travail ou, à l'inverse, une incapacité à ressentir des émotions. Ce dernier point est particulièrement alarmant, car on se retrouve comme anesthésié, incapable d'éprouver de la joie, de la colère, ou même de ressentir quoi que ce soit. C'est un état où tout devient plat et gris, et c'est à ce moment-là qu'il est vraiment important de s'inquiéter et de chercher de l'aide.
Chaque personne réagit différemment, mais on observe souvent des symptômes physiques tels que :
Une tendance à tomber malade fréquemment.
Un fort sentiment de mécontentement vis-à-vis du travail, même si les tâches que nous accomplissons devraient normalement nous plaire ou nous intéresser.
Des difficultés à avancer, une sensation de blocage mental et une lenteur de pensée.
Ce sont ces petits signes qui commencent à apparaître.
Personnellement, je me sentais totalement déconnectée lorsque j'étais devant mon ordinateur, incapable de faire fonctionner mon cerveau à son rythme habituel. Même si en apparence j'avais l'air d'être parfaitement fonctionnelle, il y avait un énorme blocage qui m'empêchait de démarrer.
J'ai toujours été habituée à avoir un cerveau qui fonctionne bien, comme un outil efficace, mais à ce moment-là, il semblait totalement réticent à travailler.
Puis, j'ai réalisé qu'il y avait un réel problème le jour où j'ai eu un comportement inhabituel.
J'ai répondu de manière très sèche à un collègue, sans même savoir pourquoi. Ce n'était pas du tout représentatif de ma façon d'agir habituellement, et cela m'a alerté sur mon état émotionnel.
Peu de temps après cette situation, j'ai craqué.
Les émotions sont devenues trop fortes, et j'ai éclaté en larmes dans les toilettes. Le lendemain, j'ai dû entamer un arrêt maladie prolongé.
(Disclaimer: ça dépend beaucoup du caractère de chacun et chacune. Moi, je suis d'un caractère plutôt combattante et disons que j'ai du mal à me taire..)
Je crois qu'il est crucial de ne pas se laisser intimider par la hiérarchie et de pouvoir communiquer avec les autres sur un pied d'égalité. Ce n'est pas une question de manquer de respect à la hiérarchie, mais plutôt de ne pas craindre de soulever des problèmes et de les expliquer de manière concrète.
Il s'agit d'observer, de prendre du recul et de se poser les questions suivantes :
Quels sont les éléments qui relèvent de ma responsabilité ?
Quels sont les facteurs de stress personnels que je dois gérer ?
Quels sont les problèmes qui semblent plutôt systémiques ?
Sur quels aspects puis-je agir ?
Sur quels aspects je n'ai pas de contrôle ?
En explorant ces questions, nous découvrirons inévitablement des domaines sur lesquels nous pouvons agir, ainsi que des problèmes systémiques qui peuvent remettre en question le fonctionnement de l'entreprise. Peu importe notre niveau hiérarchique, même en tant que junior, nous devrions pouvoir discuter de nos préoccupations réelles avec un manager plus senior qui a le pouvoir d'intervenir. Si cette personne n'est pas du tout à l'écoute et nous rejette en disant que nous ne sommes qu'un simple junior qui ne sait rien, il peut être préférable de quitter cette entreprise.
Lorsque j'ai vécu mon burn-out parce que j'avais dépassé mes limites, il y a eu une ouverture dans l'entreprise où je travaillais. Une discussion s'est engagée, un dialogue s'est instauré, et cela a été d'une grande aide pour la suite. Aujourd'hui, ils sont beaucoup plus attentifs à ces questions, et cela fait partie intégrante de leur approche. Il faut du temps, cela prend quelques années, mais dans une grande structure, c'est normal. Cependant, cela a lancé quelque chose de positif.
Une nouvelle étude sur le sujet qui est sortie en Septembre 2021. En mettant en lien l'arrivée de Facebook sur les campus et le % d'utilisation de services liés au support de la santé mentale sur les campus US les chercheurs ont trouvé que cela avait un impact fort sur les performances académiques. https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3919760 En plus c'est gratuit!
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Alexis Gérôme
· Staff UX researcher
· il y a 3 ans
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