Je suis très compétente en méthodologie qualitative et les entretiens exploratoires, car c'est mon domaine d'expertise. Une astuce que j'ai apprise dès le début, c'est que la phase de préparation est d'une importance cruciale pour mener efficacement des entretiens exploratoires. Il y a une idée préconçue qui m'agace et que l'on entend souvent : "Il ne faut surtout rien dire, rien regarder pour arriver neutre sur le sujet." C'est la première erreur que l'on apprend à éviter lors d'études en sociologie. On ne peut jamais être totalement neutre, notre regard sera toujours biaisé. La clé est de reconnaître ce biais et de s'en affranchir. Ainsi, en lisant, en posant des problématiques, en formulant des hypothèses, on s'assure qu'au moment d'être sur le terrain, on est capable de reconnaître ce biais et de dire : "Ah, ce que je vois, c'est un regard biaisé", et on en est conscient. Si on ne se prépare pas, tout est biaisé, mais on ne sait pas ce qui est vrai ou faux. Donc, pour moi, la réussite d'un bon entretien exploratoire passe par une phase de documentation. C'est quelque chose que peu de personnes font. Prendre le temps de lire un peu de contenu scientifique ou même du contenu marketing sur le sujet permet d'avoir des premières pistes de réflexion, un point de référence. Une fois que cela est fait, on construit le protocole d'entretien en se basant sur les hypothèses que l'on souhaite étudier par la suite. Les erreurs à éviter sont justement d'induire des réponses en prétendant être neutre. Plus on est armé et préparé pour l'entretien, plus on peut être certain que cela sera un échange ouvert où l'on saura laisser la personne s'exprimer sans trop intervenir. Bourdieu dit qu'un sociologue est quelqu'un qui regarde avec ses yeux, tout comme un photographe prend une photo ou un peintre peint un tableau. Ainsi, il transcrit une réalité vue à travers son regard. Cependant, si ce regard reste complètement subjectif, sans être encadré, il devient inexploitable. L'erreur est de croire que la naïveté ouvre toutes les possibilités, alors qu'en réalité, pour moi, cela réduit considérablement la portée de l'étude.
Ce dont je vais vous parler est vraiment un learning sur lequel j'ai passé beaucoup de temps à refléter. En réalité, c’est parce que je m'en suis voulue, et c’est en analysant le déroulé que je réalise que la situation est beaucoup plus nuancée. Le projet se passait dans une grosse boite multinationale avec des milliers d'employés dans le monde. Ils avaient fait l'acquisition d’une société dans la santé connectée et le but était de développer le marché de la e-santé dans les entreprises aux US. Pourquoi? Parce qu'aux US, la santé ne marche pas comme en France, c'est pris en charge par les entreprises. Une autre particularité outre-atlantique est que plus les gens tombent malades, moins l'entreprise est productive et plus cela a un coût, puisque que c'est l'entreprise qui prend en charge les soins. Donc, ils voulaient mettre en place une sorte de stratégies de HRA ( health risk assessment). En gros, des études en interne pour voir si les gens étaient malades ou pas, et leur proposer des programmes de santé, des coachs et des objets connectés. C'était donc un projet de research et de proposition de concepts très high level.Il s'agissait de pouvoir tester des concepts en les faisant tester à des milliers de personnes. Un projet énorme, hyper intéressant. Niveau ressources, j’étais très bien servie, car je disposais de “la puissance de feu” d’une multinationale, et pour faire la research, c'était vraiment génial. J'ai eu la chance d'avoir un boss qui m'a fait confiance sur ce projet, J’ai eu accès à tous les outils que je voulais Un support cross-fonctionnel (marketing, etc) Accès à des milliers de patients pour tester les concepts (ce qui est normalement compliqué en termes de data etc) De mon côté, j'avais bien géré le brief pour être sûre des objectifs. La recherche était hyper ciblée car il fallait identifier des personnes ayant différentes maladies (diabète) par tranches d'âge et potentiellement ayant des symptômes différents. Par contre, je n’avais pas anticipé que je serais toute seule et qu'il me fallait des gens en face dédiés au projet (ou qui passent du temps sur le projet), pour qu'on puisse avancer. Finalement, j'ai donc beaucoup avancé toute seule, à un rythme saccadé sans réellement pouvoir avoir un fort impact final. Pourquoi? Ça a pris beaucoup plus de temps parce qu’il se passait des semaines entre les réponses des parties prenantes, pour savoir si j’allais dans la bonne direction, et savoir si c'est ce qu'il leur fallait ou pas. La conséquence est qu’avec toutes ces pauses, la dynamique a été perdue et le projet fut jeté à la poubelle, car cette boite de santé connectée à en fait été revendue durant ma recherche. Nouveau management, nouvelles priorités… L’apprentissage de cette expérience est double : En soi, j'ai passé beaucoup trop de temps sur la recherche.C'était tellement intéressant, j'ai cherché, cherché, cherché et peut-être que j'ai cherché trop loin. Je pense que c'est là où je n'ai pas été itérative dans ma recherche. Quand tu as un budget illimité d’argent et de temps ta curiosité peut l’emporter sur l’important. Je réalise que je n'ai pas arrêté la recherche là où il fallait et j'aurais dû être plus itérative dans mon processus. C'est là où je me suis dit: “les cycles itératifs dans la recherche, ça marche aussi.” C'est la première fois que j'en avais vraiment conscience. Assurez-vous d’avoir quelqu'un qui soit dédié au projet de l’autre côté et mettez des guidelines claires pour le suivi en amont. C'est ultra-important. C'est une règle que je me mets en place pour tous mes projets free et même en interne, c'est une question que je pose :
“Qui est owner dans la boite sur ce projet ? “.
“Combien de temps ont-ils dédié à ce projet ?” Lorsque j’étais freelance, je mettais la barre assez haute: S'il n'y avait personne qui était dédié à 20% au projet, généralement je ne prenais pas le projet. C'est une règle personnelle.
Bonjour à tous ! Je réalise ma première mission de User Research pour une plateforme d'oeuvre d'art en ligne qui souhaite aller rencontrer ses utilisateurs et amateurs d'art contemporain pour déterminer ses personas primaires. J'ai envoyé un mail "de recrutement" à toute sa base de contact toute catégorie confondue (clients, prospect, lead chaud, lead froid, abonnés NL) hier, environ 3000 contacts. Pour le moment, aucune prise de rdv pour un entretien dont la période est délimitée entre le 1er et le 14 septembre. Admettons que le "pire" des cas se produise, à savoir aucune réponse, je pense partir en mode guerilla les réseaux sociaux / forum en ligne d'art contemporain. La limite est que je serais face à des non utilisateurs uniquement. Tout en sachant que cette plateforme n'a pas les moyens financiers de faire appel à une agence de recrutement. Et vous, que feriez-vous ?
Un groupe pour poser vos questions et partager vos astuces, ressources, outils, et actualités sur l'utilisation des sciences cognitives dans le monde produit.
Un groupe pour poser vos questions et partager vos astuces, ressources, outils, et actualités sur la green UX qui comprend l'éco-conception et la sobriété numérique.
Groupe pour partager les offres d'emplois, et de missions freelance en France ou ailleurs ainsi que de discuter de nos choix de carrières.
Postage libre aux professionnels UX. Pas de recruteurs/RH.