REX: Enseigner l’UX à ses élèves
C’est super compliqué parce qu’il faut être descendant, parce qu’on est quand même là pour apporter de la connaissance.
On sait que de plus en plus, les gens en ont marre de ça. Autant avant on pouvait se poser 4 heures pour écouter quelqu’un parler, et on savait que derrière il fallait qu’on bachote le truc.
Maintenant si tu fais quelque chose comme ça, ça ne marche juste pas.
Donc comment intéresser ?
C’est une question de rythme, de curiosité, de surprise, donc comment est-ce que rien que dans ta présentation, dans la manière dont elle est faite, tu switches le format de temps en temps pour remettre un petit peu de la curiosité.
Comment tu mixes un format assez visuel avec des slides où tu n’es plus obligé de mettre des textes, tout en mélangeant le défi d’avoir sur des sujets comme l’ergonomie cognitive d’être obligé à un moment de parler, d’écrire de la théorie.
- Comment est-ce que régulièrement, tu poses des questions ?
- Comment est-ce que les slides posent des questions?
- Comment est-ce qu’à un moment tu arrêtes et tu fais partir dans une discussion ?
Il y a tout ça.
- La base théorique, tu peux l’avoir, mais comment tu entrecoupes ça en donnant le pouvoir aussi aux personnes ?
- En leur faisant réagir sur leur expérience perso ?
Réponse: En mettant des petits exercices assez régulièrement, comme un sprint.
Régulièrement, on s’arrête et on fait un exercice avec un format différent, un exercice à base de :
“Allez, on se met tous des post-it, on génère des idées, on vient tous au tableau, on met des idéesqu’on recoupe. “
Un exemple sur un sujet assez compliqué :
- On a parlé de mémoire à court terme, de mémoire à long terme etc.
- Ok, maintenant on va tous venir, vous allez mettre 3 idées que vous avez retenues et partager une expérience personnelle
- on vient au tableau, je vous laisse refaire la priorisation donc vous avez tous mis des post-it, des sujets. Vous avez des éléments saillants que vous devez retenir.
- Ok maintenant que vous les avez tous mis, regroupez-les pour vous quelles sont les choses qui vous sont le plus restées en tête dans la collectivité, dans votre classe.
Ça prend du temps, mais tu es en train de les faire re-réflechir sur les trucs qu’ils viennent de voir, ils vont se parler entre eux, et passer du temps sur les idées que tu as voulu leur transmettre, donc il vont les retenir.
Ça marche bien. Ton programme ne pourrait pas être aussi rapide que ce que tu voulais, mais encore une fois, c'est une question de priorité.
Il faut absolument qu’à la fin du cours, ils aient retenu ça.
Du coup, là, je vais les faire revenir sur telle partie du cours, et je vais les faire réfléchir dessus.
Je trouve que ça, c’est essentiel : Comment tu fais participer, pas uniquement dans des exercices de production, mais faire ce qu’on ne voyait pas souvent à notre époque, un exercice de réflexion sur ce qu’on vient de faire ?
Pour moi, c’est un peu l’essentiel.
Les formats, visuellement, de temps en temps des formats un peu rigolos, genre l’air de rien mettre un Gif dans un slide qui va prendre tout l’écran, en rapport avec le sujet.
Quand tu ris, ton cerveau il se réveille un petit peu.
En fait, tu peux faire un vrai journey de ton truc :
- À quel moment tu leurs mets la patate ?
- À quel moment tu sais qu’ils vont être endormis ?
- À quel moment ils bougent, ils font un exercice ?
- À quel moment tu fais les pauses ?
Pour finir il faut que le cours serve aussi à un projet.
Donc assez rapidement dans le cours, tu mets en place :
“Voilà le projet sur lequel on va travailler sur les trois prochains jours, ça, c’est sur lequel vous allez être noté. Et maintenant on va continuer le cours, et on va co-construire le projet au fur et à mesure qu’on apprend les trucs dans le cours. Donc voilà le cours, voilà votre projet, vous avez deux jours pour appliquer tout ce qu’on vient de voir. “
On va co-construire la note avec eux. En fait, la note, elle n’est pas tellement importante. Tu co-construis le savoir et le projetavec eux, tu entrecoupes de session de travail solo ou en groupe, d’exercices, un peu de théorie, on repasse sur la pratique.
À la fin, ils vont tous avoir une bonne note parce qu’on a co-construit le savoir et la pratique et avec le temps, ils auront appris.
Je leur fais construire la théorie avant de leur présenter.
Ils se plantent complètement, mais c’est pas un souci. Parce qu’ils activent tous les préjugés, les croyances, les idées préétablies sur le sujet, tu leur fais parler dessus.
Moi, par exemple c’est les critères de Bastien et scapin Je ne leur présente pas les critères de Bastien et scapin tels quels.
J’attends même assez longtemps avant de présenter ces critères car ils sont balèze.
Je leur demande, “maintenant, on va se poser, on va bosser tous ensemble sur Miro” quand c’est des cours à distance.
Et je leur dis :
“Vous êtes tous conscients que parfois il y a des interfaces sur lesquels tout semble facile, vous arrivez facilement, vous ne posez même pas de questions, et au contraire il y a des interfaces où c’est lourd. Il y a des critères qui existent, et là, je vais vous demander à vous, vous prenez chacun 7 à 10 post-it et écrivez chacun sur ces post-it un critère, un élément de qu’est-ce que c’est une bonne interface. “
Chacun génère plein de critères. Je leur donne un exemple de comment ça peut être rédigé, sans leur montrer un exemple de critère.
Donc tout le monde me rédige des critères et puis ils viennent me les présenter et j’entends des idées de critères d’ergonomie type :
“Donc moi je pense qu'ils faut que les choses qui se ressemblent aillent ensemble, il faut que ce soit joli, etc.”
Ils sont en train de co-construire cette notion de critère, ils sont prêts à recevoir l’enseignement.
Ils regroupent tout, on en sort chaque groupe je leur demande de les titrer.
“ Voilà, vous avez mis 8 post-it qui parlent de telle concept, ce groupe, c’est quoi le critère général qui résume ce concept? “
À la fin, j’ai plein de critères qui sont créés, et des qui n’ont parfois aucun sens.
Et à partir de là, moi je dis :
“Ben voilà, ce sont des critères que vous venez de créer selon vos expériences avec des interfaces, et il existe de vrais critères.”
Et là, par exemple, ça dépend de la taille du cours, soit je leur fait un cours sur l’ergonomie et la psychologie cognitive.
Si j’ai moins de temps, je leur dis, ça:
“Ce sont les critères selon vous, et maintenant je vous propose d’autres papiers, d’autres critères et vous pouvez les mettre dans les groupes que vous venez de créer, il y en a certains qui ne vont pas entrer dans vos groupes parce que vous ne saviez pas que cela peut être un critère d’ergonomie d’interface ”
Au fond, ils construisent petit à petit les critères, et à la fin je leur présente les vrais critères et ils disent :
“On n’y a vraiment pas pensé.”
Ils se prennent vraiment la tête dessus, en travaillant vraiment entre eux. Puis deux jours après, quand je leur demande de me parler des critères, et bien ils s’en souviendront bien mieux comme ça.