REX: Enseigner la recherche utilisateur
Ce qui est excitant, avec ce métier c'est qu'il est relativement nouveau... dans son application, en tout cas, à l'intérieur de l'industrie du numérique, dans la manière dont c'est utilisé dans l'industrie du numérique.
Moi, j’enseigne tout en étant moi-même élève. Je pense qu'un bon prof c'est un bon élève. Un professeur qui ne sait pas apprendre ou qui n'a plus envie d'apprendre, ça va être difficile de lui faire confiance. Probablement, il ne sera pas extrêmement intéressant non plus.
Donc je suis d'abord élève et je prends du plaisir à transmettre.
Ce qui fait la particularité de ce métier, c'est qu'il est aussi exécuté par des personnes dont ce n'est pas forcément le métier à la base et qui vont en faire une partie de leur activité.
Avec la formation, on a aussi des personnes qui faisaient du design, du produit ou customer success enfin des métiers un peu annexes, elles se sont dit, la recherche j'en fait un peu, je vois que j'adore ça. Je ne connaissais pas, j'ai envie de me former et éventuellement de faire ça à fond demain.
Ce qui me fait le plus plaisir c'est quand on a un peu l'impression d'avoir, peut-être pas créé, mais réalisé une vocation pour quelqu'un qui ne savait pas qu'il adorait ça.
Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de personnes au lycée à qui on dit que c'est un métier qu'il est possible de faire, c'est ça la formation, etc.
On l'enseigne 100% à distance. La grande valeur, c'est la flexibilité, ça permet d'avoir des participants qui sont très divers, des gens en France, en Suisse, en Allemagne, aux États-Unis, en Angleterre etc. C'est aussi ça, la recherche, c'est d'être curieux de la diversité, de trouver ce qui est intéressant là-dedans et d'apprendre de nouvelles choses, d'avoir des profils qui viennent d'environnements différents.
Le problème de l'enseignement à distance, globalement, c'est que c'est "froid". J'avais fait ma recherche avant de créer Cousto, j'avais parlé à plusieurs personnes qui avaient fait des programmes comme ça, plutôt sur le design.
L'une des valeurs qui revenait c'était "Génial de passer du temps avec ma promo, j'ai rencontré des gens super intéressants"... Je me suis demandé comment on fait ça ?
Si on est juste tous dans un call où on écoute la même personne parler pendant une heure, c'est compliqué.
Donc ce qu'on a décidé de faire c'est un programme qui est plus éclaté en petits groupes. Sur un groupe de 20 personnes, tu ne connais pas tout le monde.
- On s'est dit on va faire des plus petits groupes avec un mentor à chaque fois, qui est un researcher. Du coup tu as une promo de 10 à 20 personnes mais tu ne les vois pas tous ensemble, sauf pour certains calls. Comme pour tous les calls on n’a pas le temps de parler donc là c'est plus de l'écoute.
- Par contre tu as un petit groupe de 3 ou 4 personnes avec qui tu vas échanger beaucoup plus régulièrement.
- Donc rapidement ils se connaissent bien, ils s'appellent entre eux, pour éventuellement se voir en dehors c'est encore mieux, mais c'est pas toujours le cas pour des raisons géographiques.
On a par exemple des gens qui étaient à Zurich, qui envoient une photo en expliquant qu'ils ne sont pas du même groupe mais qu'ils ont pris le temps de se voir, de boire une bière ensemble.
Donc ça crée aussi des événements qui ne sont pas à distance et loin de l'endroit où on enseigne, donc c'est cool aussi.
Après évidemment on a aussi un "slack" partagé
On essaie de générer un maximum de partage. Mais c'est sûr que cela demande plus d'efforts pour avoir ce partage, cette énergie, quand les choses se font à distance. Jouer sur la Brand, sur la qualité des outils qu'on utilise pour le distanciel.
S'il n'y a pas tout cela c'est juste comme distribuer un lien notion.
C'est clairement un gros challenge, on le sait, on n’a pas encore trouvé toutes les solutions, mais on passe du temps...à faire circuler l'énergie à l'intérieur de la promo, et ensuite ça fait boule de neige.
On a appris beaucoup de choses dans le processus de création de la formation et surtout les contenus ont été créés par différents researchers, et on n’est pas toujours d'accord, mais c'est bien !
Du coup on a tous appris une nouvelle manière de faire les choses en créant le contenu. L'expérience d'enseigner, c'est aussi une manière de s'enseigner à soi-même et de faire le tri dans sa manière de penser. La recherche est une forme d'enseignement en définitive.
On est dans cette position de devoir transmettre un savoir. Pour bien transmettre, il faut arriver à bien comprendre et le synthétiser.
Je n'enseigne pas des insights de ce que j'ai appris sur users, j'enseigne comment on procède pour la recherche.
Il y a plein de choses qui deviennent évidemment automatiques. Et il faut accepter aussi que l'enseignement doit se faire par la pratique. Il faut à un moment faire une interview, où la personne ne se pointe pas, l’ordinateur ne marche pas, on se trompe de question.
C'est comme ça qu'on apprend !